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Tunisie – Baromètre des entreprises 2019: Plus d’un dirigeant d’entreprise sur 2 pense que son activité sera menacée dans les 2 ans si la conjoncture n’évolue pas

Quelles sont les préoccupations et les perspectives des dirigeants d’entreprises tunisiennes en 2019? 

Depuis 2011, le cabinet d’audit et de conseil, Ernst & Young (EY) Tunisie, dévoile les résultats de son Baromètre des entreprises en Tunisie. Une tradition qui dresse le bilan de l’année écoulée, évalue le climat des affaires en Tunisie et évoque les perspectives à venir et d’évaluer le climat des affaires.

Ce dernier donne un éclairage sur le moral, les préoccupations et les perspectives des chefs d’entreprises: “Sept années plus tard, l’édition 2019 montre à quel point les entreprises tunisiennes se sont installées dans une situation de précarité généralisée avec 58% des répondants qui estiment que leurs activités seront menacées dans les deux ans qui suivent alors qu’ils n’étaient que 25% en 2015. Ce chiffre est de 68% pour les petites entreprises” affirme le rapport évoquant une capacité de résilience de l’entreprise tunisienne “sérieusement entamée”.

Voici ce qu’il faut retenir du baromètre des entreprises en Tunisie.

Une situation mauvaise politique

Pour l’année 2018, 93% des chefs d’entreprises estiment que la situation politique de la Tunisie est mauvaise. “Ceci est expliqué en partie, par la dislocation de la coalition au pouvoir et aux difficultés auxquelles font face les pouvoirs publics pour mettre sur pied les principales réformes économiques” indique le rapport.

Selon le président de la CONECT, Tarek Cherif, “il est légitime de faire de grandes réformes et de prendre des décisions courageuses telles que l’amélioration de la performance du système éducatif et de la formation professionnelle ainsi que la correction des salaires. Ces réformes peuvent impacter considérablement le climat des affaires” note-t-il.

Seulement 1 chef d’entreprise sur 2 estime qu’en cette année électorale, la situation politique va se dégrader. 

Légère amélioration de la perception économique et sociale

89% des dirigeants d’entreprise font une évaluation négative de la conjoncture économique et sociale durant l’année 2018 indique E.Y contre 91% en 2017. 

Un léger mieux expliqué par un meilleur taux de croissance en 2018 par rapport à 2017. 

Cependant estime le rapport, “le degré très élevé d’insatisfaction quant à la situation économique et sociale s’explique par le niveau alarmant des principaux agrégats macroéconomiques”.

Plus d’un chef d’entreprise sur 2 (56%) pensent que la situation va encore se dégrader en 2019. Selon eux, si un léger mieux se présente selon les estimations, celui-ci n’aura pas de grand impact sur la vie des entreprises.

Un climat d’investissement égal à lui-même

Selon le rapport, le climat d’investissement ne connaitra pas de folies en 2019. 40% des dirigeants d’entreprises interrogés pensent que la situation sera la même, 40% pensent qu’elle se dégradera. Seulement 2 chefs d’entreprise sur 10 pensent que le climat d’investissement connaitra une amélioration.

La dégradation de la situation économique, principal souci

La préoccupation majeure des chefs d’entreprises est la dégradation de la situation économique du pays, pour 69% d’entre eux.

La dégradation des taux de change, la situation sociale, la pression des organisations syndicales et la tendance inflationniste compétent le top 5 de leurs principales préoccupations. 

Par rapport aux précédents rapports, E.Y note que la tendance inflationniste entre pour la première fois dans le top 5 des préoccupations vécues par les chefs d’entreprises, tandis que la problématique de la pression fiscale le quitte. Cela s’explique notamment par la hausse de l’inflation galopante et par la nouvelle loi de finances 2019, jugée plus favorable fiscalement explique E.Y.

La pérennité des entreprises tunisiennes menacées

58% des chefs d’entreprises pensent que si la conjoncture actuelle venait à perdurer, voire à se dégrader, leurs activités seraient menacées dans les deux ans. Ils n’étaient que 25% à le penser en 2015.

Ce chiffre grimpe considérablement chez les dirigeants de petites et moyennes entreprises. En effet, près de 7 dirigeants de PME sur 10 estiment que leurs activités seront menacés dans les 2 ans si la conjoncture actuelle persiste.

L’évolution de l’activité des entreprises entre 2017 et 2018

35% seulement des chefs d’entreprises déclarent une augmentation de leur chiffre d’affaire en 2018. Ils étaient 60% en 2017 s’alarme E.Y.

Selon le rapport, le secteur le plus épargné est celui des TIC, puisque 42% des entreprises déclarent une amélioration de leur activité et 54% affirment qu’elle est restée stable entre 2017 et 2018, en terme de chiffre d’affaires.

2019, entre stabilité de l’activité prévue pour les entreprises et optimisme

Les prévision des chefs d’entreprises pour l’année 2019 reflètent une certaine stabilité de leurs activités. En effet, ils sont 43% à prévoir une stabilité de leur chiffre d’affaires. Mieux, encore, 43% d’entre eux prévoient une amélioration de celui-ci.

Parmi les plus optimistes, l’on retrouve les dirigeants d’entreprises qui opèrent dans le secteur des TIC et de l’automobile. “Ces deux secteurs étant essentiellement exportateurs vers l’Europe bénéficient en principe d’un effet de change positif sur leur chiffre d’affaires” décrit E.Y.

Intentions d’investissement: Le pessimisme est de mise

Seulement 35% des dirigeants d’entreprises affirment leur intention d’augmenter leurs investissements pour 2019 contre 48% pour l’année précédente. A contrario, 17% comptent réduire leurs investissements.

Les partenariats pour limiter la casse

Face à la situation actuelle, 41% des dirigeants d’entreprises prévoient de recourir à des partenariats avec d’autres entreprises ou institutions, un choix constant depuis 2015.

Selon E.Y, les entreprises sont moins enclines aux risques: “29% des répondants n’envisagent aucune évolution pour 2019. De plus, les intentions de diversification ont diminué de 17% entre 2017 et 2018”.

La succession des entreprises familiales, où en sommes nous?

Selon l’étude réalisée par E.Y, qui s’est focalisée cette année sur le thème de la transmission et la succession dans les entreprises familiales, “47% des chefs d’entreprises familiales n’ont jamais ou vaguement évoqué un plan de succession, ce chiffre est de seulement 21% pour les grandes entreprises familiales dont l’effectif est supérieur à 200 employés” indique le rapport.

“Qui dit bien traiter la problématique de la succession, dit assurer la pérennité et la performance de l’entreprise familiale pour le bénéfice de toutes les parties prenantes” explique Sami Zaoui, associé E.Y Consulting rejoint par Hichem Elloumi, PDG de la COFICAB: “Ce qui est très important au niveau de la succession de la nouvelle génération c’est la transmission de l’ADN des valeurs du groupe, c’est ce qui va permettre la croissance et la pérennité de l’entreprise familiale”.

Aujourd’hui, cela semble donc occulté, puisque 36% ne savent pas encore quel scénario choisir pour la succession alors que seulement 22% optent pour la transmission intergénérationnelle avec une reprise capitalistique et managériale dans le cadre familial.

Ce manque de prévision, a entrainé “sur la place une multitude d’opérations de succession ratées par manque de préparation” estime Anis Laâdhar, associé Transaction Advisory Services.

Selon le rapport, “97% des entreprises familiales qui n’ont pas défini de politique de succession ne survivent pas au delà de la 3e génération”.

D’après l’étude réalisée par E.Y, 53% des membres de la prochaine génération des entreprises familiales sondées ne comptent pas intégrer l’entreprise familiale.

“Pour réussir la transmission à la 3ème génération, il faut une solidarité familiale sans faille et l’adhésion à un système commun de valeurs : travail, mérite et excellence” analyse Hatem Meziou Directeur Général de la SATEM.

Pour le Baromètre 2019, E.Y a interrogé des chefs et hauts cadres d’entreprises. Au total, l’enquête a touché 264 entreprises représentant 151 000 employés et un chiffre d’affaires global avoisinant les 31 Milliards de Dinars.

source: huffpostmaghreb

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