Tentant de rallier l’Arabie saoudite, des milliers de candidats africains à l’exil se retrouvent bloqués au Yémen. Ils survivent dans des conditions très précaires, à la merci des passeurs et des rebelles houthistes.
Des lambeaux de plastique s’accrochent aux tombes, huit tas de pierres hérissés de branches épineuses. Quelques blocs de schiste portent une inscription : des traits de peinture bleue passés à la bombe. Ce cimetière, Ahmad Dabissi l’a fait creuser pour ses « clients » malchanceux, en contrebas d’un immense plateau de roche calcaire, à l’écart de la grande route qui file au loin, vers le port d’Aden.
A 29 ans, M. Dabissi est un passeur important dans sa province, Chabwa, dans le sud désertique du Yémen. Chaque année, il fait embarquer des milliers de migrants, venus de la Corne de l’Afrique, au port somalien de Bossasso. Ils passent d’un continent à l’autre, à travers le golfe d’Aden, et tentent de traverser le Yémen en guerre pour atteindre l’Eden : l’Arabie saoudite voisine.