Salwan Momika, un Irakien âgé de 37 ans qui a fui son pays pour la Suède, a brûlé plusieurs pages du Coran lors d’un rassemblement autorisé par les autorités devant la plus grande mosquée de Stockholm. Cet acte a suscité l’indignation d’Ankara, qui l’a qualifié d' »inacceptable ». Il pourrait également avoir des répercussions sur les perspectives d’adhésion de la Suède à l’OTAN, bloquées par la Turquie.
L’incident s’est produit pendant l’Aïd al-Adha, une fête célébrée par les musulmans à travers le monde. Environ une centaine de badauds et de journalistes ont assisté à l’événement. Vêtu d’un pantalon chino beige et d’une chemise claire, Salwan Momika a piétiné à plusieurs reprises le Coran avant d’y glisser des tranches de bacon et d’en brûler quelques pages.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a immédiatement condamné cet acte sur Twitter, affirmant qu’il était « inacceptable de permettre ces actions anti-islamiques sous prétexte de liberté d’expression ». Les critiques ont également afflué de Washington, bien que les États-Unis soutiennent l’adhésion de la Suède à l’OTAN « aussi vite que possible ». Un porte-parole adjoint du département d’État a déclaré que « nous avons toujours dit que brûler des textes religieux est irrespectueux et offensant ».
Le président du sénégalais Macky Sall a lui aussi condamné cet acte qu’il a qualifié de grave atteinte au sentiment religieux des musulmans. » Je condamne fermement l’autodafé du Saint Coran ce 28 juin devant une mosquée à Stockholm. Ce geste répugnant et provocateur, au moment de la fête bénie de l’Aïd al-Adha, est une grave atteinte au sentiment religieux des musulmans, comme celui de janvier dernier. Cela doit cesser !. » a-t-il martelé.
Ce genre d’incident est particulièrement sensible en Suède. En janvier, une manifestation au cours de laquelle un Coran avait été brûlé devant l’ambassade de Turquie à Stockholm avait déjà provoqué la colère d’Ankara et du monde musulman, entraînant des manifestations et des appels au boycott de produits suédois.
La police suédoise avait initialement autorisé ce « rassemblement », estimant que les risques de sécurité liés à la brûlure du Coran n’étaient pas suffisamment importants pour l’interdire. Cependant, en fin de journée, elle a annoncé qu’elle porterait plainte contre l’organisateur, notamment pour incitation à la haine.
Salwan Momika avait formulé une demande d’autorisation préalable pour cet autodafé, expliquant vouloir « exprimer son opinion sur le Coran ». Il avait déclaré qu’il déchirerait et brûlerait le Coran. Une demande similaire qu’il avait faite en février avait été refusée par la police.
Dans une interview accordée au journal suédois Aftonbladet en avril, Salwan Momika avait affirmé que son intention n’était pas de compliquer l’adhésion de la Suède à l’OTAN. Il avait déclaré : « Je ne veux pas nuire à ce pays qui m’a accueilli et qui a préservé ma dignité », précisant qu’il souhaitait voir le Coran interdit en Suède.
L’incident a ravivé les débats sur la liberté d’expression et les limites de celle-ci, ainsi que sur la coexistence des différentes religions et cultures en Suède. La communauté musulmane du pays a exprimé sa profonde préoccupation et condamné fermement cet acte, soulignant l’importance de respecter les croyances religieuses de chacun.
La Suède, quant à elle, se retrouve confrontée à une situation délicate sur le plan diplomatique. Alors que le pays aspire à rejoindre l’OTAN, la Turquie, membre de l’alliance, bloque actuellement l’adhésion de la Suède en raison de cet incident et d’autres différends politiques.
Le gouvernement suédois a réaffirmé son attachement aux principes de la liberté d’expression, mais également à la nécessité de respecter les croyances religieuses et de promouvoir un climat de compréhension et de tolérance. Des efforts supplémentaires pour encourager le dialogue interreligieux et renforcer la cohésion sociale pourraient être envisagés à la suite de cet incident.
Cependant, il convient de noter que cet incident reste isolé et ne reflète pas les opinions ou les actions de l’ensemble de la société suédoise. La Suède demeure un pays réputé pour sa tolérance, son respect des droits de l’homme et sa volonté de promouvoir la diversité et l’inclusion.
Dans le contexte actuel de tensions croissantes liées aux questions religieuses et culturelles, il est essentiel de favoriser le dialogue, la compréhension mutuelle et le respect entre les différentes communautés. La coexistence pacifique et le respect des croyances religieuses sont des valeurs fondamentales pour préserver l’harmonie sociale et construire des sociétés pluralistes et ouvertes.