Vendredi 28 juillet, une annonce télévisée du chef de la Garde présidentielle nigérienne, Abdourahamane Tiani, a secoué le pays en révélant qu’il prenait les commandes du pays, déposant ainsi le président élu Mohamed Bazoum. Depuis le début du coup d’État, le président Bazoum et sa famille sont retenus en captivité dans la résidence présidentielle à Niamey, la capitale du Niger.
Âgé de 59 ans, le général Tiani est un personnage discret et puissant, mais qui ne fait pas l’unanimité. Ibrahim Yahaya Ibrahim, chercheur pour l’ONG International Crisis Group, affirme qu’il est peu connu en dehors des milieux militaires et n’a pas de présence publique marquée.
Originaire de Filingué, une région frappée par le terrorisme jihadiste depuis des années, le général Abdourahamane Tiani a servi dans diverses missions internationales en tant que militaire de carrière, notamment en Côte d’Ivoire, au Congo, au Darfour, au Soudan et dans une mission de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en Côte d’Ivoire. Amadou Bounty Diallo, un ex-militaire, le considère comme un officier expérimenté sur le terrain.
Le général Tiani était un proche de l’ancien président Mahamadou Issoufou, qui l’avait nommé à la tête de la Garde présidentielle en 2011. Mohamed Bazoum l’avait maintenu à ce poste après son élection en 2021. Cependant, leurs relations s’étaient détériorées ces derniers mois, et Bazoum avait exprimé son intention de le remplacer, selon des sources proches du président nigérien.
Le coup d’État n’est pas une première pour Abdourahamane Tiani, puisqu’en 2015, certains soldats l’avaient accusé d’être l’un des instigateurs d’un coup d’État manqué, bien que sa culpabilité n’ait jamais été prouvée. En revanche, les autorités affirment qu’il aurait déjoué plusieurs tentatives de coup d’État en 2021 et 2022.
La communauté internationale a rapidement réagi au coup d’État, le condamnant fermement. Le président de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a qualifié l’action du général Tiani de « trahison totale de leur devoir républicain ». L’Union européenne et les États-Unis ont également refusé de reconnaître les nouvelles autorités issues du putsch, exprimant leur soutien au président déchu, Mohamed Bazoum.
Alors que la situation au Niger reste tendue, le pays fait face à une crise politique majeure suite à ce coup de force inattendu qui a ébranlé l’ordre constitutionnel et suscite de vives réactions sur la scène internationale.