Le mercredi 26 juillet 2023, une journée de confusion a régné au palais présidentiel à Niamey, au Niger. Vers 23 heures, un groupe de dix officiers de l’armée nigérienne a fait son apparition à la télévision nationale, l’ORTN. Ce groupe s’est autoproclamé le Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie (CNSP) et a annoncé avoir renversé le président démocratiquement élu en 2021, Mohamed Bazoum, ainsi que toutes les institutions de l’État.
Le colonel-major Amadou Abdramane, entouré de neuf autres militaires en uniforme, a déclaré à la télévision : « Nous, Forces de défense et de sécurité (FDS), réunis au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez. » Il a également ajouté que cette décision faisait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire et à la mauvaise gouvernance économique et sociale.
Le CNSP a suspendu toutes les institutions issues de la 7e République, et les secrétaires généraux des ministères ont été chargés de gérer les affaires courantes. Les Forces de défense et de sécurité ont pris en charge la situation, et il a été demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas intervenir dans les affaires intérieures du pays.
Le coup d’État a été accompagné de la mise en place d’un couvre-feu de 22 heures à 5 heures du matin « jusqu’à nouvel ordre », ainsi que de la fermeture des frontières terrestres et aériennes du Niger.
Avec ce coup d’État, le Niger devient le troisième pays du Sahel à connaître un changement de régime par les militaires, après le Mali et le Burkina Faso depuis 2020. Il est à noter que le président renversé, Mohamed Bazoum, était le premier président démocratiquement élu de l’histoire du Niger, ce qui souligne l’importance de cet événement.
Au cours de la journée du mercredi, des pourparlers avaient eu lieu avec les putschistes dans l’espoir de trouver une solution. L’ancien président Mahamadou Issoufou ainsi que le président béninois Patrice Talon, dépêché par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avaient tenté de jouer un rôle de médiation.
En réponse au coup d’État, des manifestants sont descendus dans les rues en soirée pour montrer leur soutien au président Bazoum détenu. Des affiches ont été déployées sur le monument de la Place de la Concertation avec des messages tels que « Non à la déstabilisation des institutions de la République / Tout le peuple nigérien soutient le président Bazoum Mohamed / Nous ne voulons plus de coup d’État au Niger ». Cependant, la garde présidentielle a dispersé les manifestants en effectuant des tirs de sommation.
L’annonce du coup d’État a également suscité des réactions internationales, avec le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, condamnant fermement le changement anticonstitutionnel de gouvernement au Niger. Il s’est dit profondément troublé par la détention du président Bazoum par des membres de la garde présidentielle et a appelé à la cessation immédiate de toutes les actions qui sapent les principes démocratiques dans le pays.
La situation reste donc tendue au Niger à la suite de ce coup d’État, et la communauté internationale suit de près les développements dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.